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L’art de convaincre ou d’influencer

L'article qui suit est utile à tous ceux qui souhaitent enrichir leurs connaissances, connaître les soubassements théoriques de l'influence, et aussi dans le but de développer l'esprit critique, et enfin, à tous ceux qui passe le bac de français ou de philo puisqu'il aborde des bases philosophiques classiques !

Merci de le lire et de la partager à qui il pourra servir

 

Rhétorique et Sophisme  

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Mots clés : persuader / convaincre – influencer - morale - vérité - mensonge - tromperie - séduction – manipulation – logique - croyance - opinion - illusion - langage - raison - discours - connaissance - science - philosophie - philosophe - sophiste - rhétorique - commerce - marketing – relation publique – propagande - formater - publicité

 

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La rhétorique est l'art de l'action du discours sur les esprits. Le mot provient du latin rhetorica, emprunté au grec ancien, qui se traduit par « technique, art oratoire ». Plus précisément, la rhétorique peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique oratoire. La rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale.

 La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties :

- l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre),

- la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace),

-  l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style),

- l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.)

- la memoria (procédés pour mémoriser le discours). La rhétorique a ensuite concerné la communication écrite et a désigné un ensemble de règles (formes fixes) destinées au discours. Au XXe siècle, la linguistique et l’analyse des textes littéraires ont relancé l’intérêt pour la rhétorique.

 

Au-delà de cette définition générale, la rhétorique a connu au cours de son histoire une tension entre deux conceptions antagonistes, la rhétorique comme art de la persuasion et la rhétorique comme art de l'éloquence.

La rhétorique grecque, telle qu'elle fut pratiquée par les sophistes et codifiée par Aristote, se préoccupait principalement de persuader.

 

 

La rhétorique s’est progressivement restreinte à la stylistique c'est-à-dire à un inventaire de figures relevant des ornements du discours. Il en résulte une conception de la parole rhétorique qui se distingue de l'argumentation et de la dialectique par l'usage d'effets pathétiques et éthiques du discours sur le public. Contre cette évolution, l'école rhétorique contemporaine de Chaïm Perelman renoue avec la rhétorique grecque en proposant une « nouvelle rhétorique » qui est une théorie de l'argumentation.

La rhétorique est une manipulation centrée sur l'auditoire (cette idée prévaut chez Platon qui y voit, pour une part, un mouvement verbal fallacieux. Mais signalons que, d'autre part, Platon appréhende la rhétorique sous un jour positif lorsque celle-ci est au service du discours philosophique. Il s'agit alors de distinguer, conformément à la méthode dialectique, entre une mauvaise rhétorique faisant abstraction du bien, du juste et du vrai, et une bonne rhétorique ordonnée à la saisie du bien) ;

 

La rhétorique est l'art de bien parler (suivant la formule latine de Quintilien, la rhétorique est un « ars bene dicendi » (un « art du bien dit »), notion qui renvoie à celle d'éloquence ;

 

Jean-Jacques Robrieux : « essayer de résumer très simplement : la rhétorique est l'art de s'exprimer et de persuader ». Michel Meyer ajoute que « la rhétorique lisse et arrondit les problèmes, qui s'estompent du même coup sous l'effet du discours éloquent », se focalisant alors sur la portée utile de la discipline oratoire, qui reste un assemblage de techniques prévalant dans une situation de communication socialement cadrée.

 

La rhétorique est exploitée dans le droit, la littérature, la vente, la publicité, le discours religieux comme politique et bien sûr le parler quotidien. Ainsi pour les Grecs, la rhétorique est « la discipline de la parole en action, de la parole agissante ».

-     

         -  la rhétorique est un discours rationnel

-       -  la raison n'est ainsi pas le seul but de la rhétorique, il existe aussi une relation émotionnelle, que véhicule la notion de πάθος / pathos. L'auditoire doit être séduit ou charmé. Selon Michel Meyer, le pathos comporte trois éléments passionnels : la question choc, le plaisir ou le déplaisir qu'elle occasionne et la modalité sous forme de jugement qu'elle engendre comme l'amour et la haine par exemple.

-        -  êthos, enfin est la dimension de l'orateur, ses vertus et ses mœurs exemplaires, même si c'est avant tout une image que donne l'orateur de lui-même. Cette notion est davantage romaine, mise en avant par Cicéron notamment, alors que le pathos et le logos sont des acquis grecs. Pour Aristote en effet le logos est premier, a contrario de Platon pour qui « le pathos, et non la vérité, commande le jeu de langage », la raison étant l'apanage de la philosophie, discipline maîtresse pour Platon.

 

Un art politique

Dans l'Antiquité la rhétorique s'intéressait à la persuasion dans des contextes publics et politiques, comme les assemblées et les tribunaux. À ce titre, elle s'est développée dans les sociétés ouvertes et démocratiques avec des droits de libre expression, de libre réunion, et des droits politiques pour une partie de la population, c'est-à-dire dans les sociétés tenant de la démocratie athénienne. Les théoriciens de la rhétorique (Anaximène, Aristote, Démétrios, Cicéron, Quintilien, Hermagoras de Temnos, Hermogène, d'autres encore), grecs et latins, ont formalisé la discipline, tant sur le plan pratique que sur le plan théorique et principalement au sein de la sphère politique ou judiciaire.

 

Les sophistes

La rhétorique fut ensuite rendue populaire au Ve siècle av. J.-C. par les sophistes, rhéteurs itinérants qui donnaient des cours de rhétorique. L'objet central de leur préoccupation était l'éthos et le pathos, ils laissaient de côté le logos car pour eux la fonction du langage est de persuader et non pas d'expliquer. La réputation de manipulateurs, qui date des actes des sophistes, a été propagée par Platon.

Ils définissent les parties du discours, analysent la poésie, distinguent les synonymes, inventent des stratégies d'argumentation. Leur but est en effet avant tout pratique : permettre de comprendre les types de discours et les modes d'expression les plus à même de convaincre leur auditoire et d'accéder aux plus hautes places dans la cité. « Les Sophistes s'adressent à quiconque veut acquérir la supériorité requise pour triompher dans l'arène politique » explique Henri-Irénée Marrou, dans Histoire de l'éducation dans l'Antiquité. Les sophistes sont en effet des enseignants réputés qui ont été les premiers à répandre plus largement que dans les milieux initiés, l'art rhétorique.

 

Dès les origines, la rhétorique a un versant pratique et un versant théorique et philosophique. D’un côté, elle s'est constituée en ensemble de « recettes » se mettant à la disposition de l'orateur ou de l'écrivain, au sein des débats judiciaires ou politiques, ludiques également.

Qu'est-ce qu'un sophisme dans la rhétorique ?  Un argument plausible mais fallacieux, ou une argumentation trompeuse en général. Dans les études rhétoriques, le sophisme fait référence aux stratégies argumentatives pratiquées et enseignées par les sophistes.

 

Un sophisme est un procédé rhétorique, une argumentation, à la logique fallacieuse. C'est un raisonnement qui porte en lui l'apparence de la rigueur, voire de l'évidence, mais qui n'est en réalité pas valide au sens de la logique, quand bien même sa conclusion serait pourtant « vraie ».

La rhétorique est la discipline qui situe [les problèmes philosophiques, comme scientifiques] dans le contexte humain, et plus précisément intersubjectif, là où les individus communiquent et s'affrontent à propos [des] problèmes qui en sont les enjeux ; là où se jouent leurs liaison et leur déliaison ; là où il faut plaire et manipuler, où l'on se laisse séduire et surtout, où l'on s'efforce d'y croire.

 

Les Sophistes ou l'âge de la réflexion critique

 

"Sophistes" (maîtres de sagesse) : professeurs d'éloquence, maîtres en rhétorique et en philosophie, qui vont de ville en ville pour enseigner l'art de parler en public et les moyens de l'emporter sur son adversaire dans une discussion, un art bien utile dans le contexte des démocraties grecques qui impliquait une participation directe des citoyens.

Enseignant la parole dans la ville, les Sophistes donnent à Athènes l'éducation de l'esprit et du verbe nécessaire à un état démocratique où les charges étaient dévolues à ceux qui savaient le mieux convaincre. La persuasion étant une donnée fondamentale du jeu politique, il s'agit d'apprendre à organiser la joute oratoire et à soutenir thèse et antithèse avec un égal brio.

Pour un prix convenu, ces Sophistes, empruntant aux Eléates la méthode de la dialectique, apprenaient donc à soutenir n'importe quelle thèse, mettant en relief les multiples points de vue qui s’offrent dans une affaire.  Si l'on peut prouver une chose et son contraire, alors rien n’est stable ; ainsi les Sophistes ébranlent-ils les vérités traditionnelles tant morales que religieuses. La porte est ouverte au relativisme, au scepticisme, voire au nihilisme : si tout est vrai, alors rien n'est vrai.

 

Le relativisme des Sophistes est perceptible essentiellement dans quatre domaines :

 

. dans la pensée du droit : quel est le fondement des lois en vigueur ? mettant en évidence l’opposition entre le droit naturel et la convention.

Le personnage d’Hippias chez Platon formule cela ainsi : « mais la loi tyran des hommes oppose sa contrainte à la nature. »

Thrasymaque explique que le droit naturel est l’instrument des puissants pour opprimer les plus faibles. Calliclès enseigne le contraire, à savoir que la loi est un moyen qu’emploient les faibles pour se protéger des forts.

. dans la philosophie morale : même les valeurs morales n’existent pas par nature, mais sur la base de conventions. C’est pour cette raison qu’elles revêtent des significations différentes selon les époques et les lieux où elles sont en vigueur.

. dans la religion : la religion est expliquée de la même façon que le droit, comme une invention de l’homme.

Critias explique : « mais, puisque par les lois ils étaient empêchés par la force, au grand jour, d’accomplir leurs forfaits, mais qu’ils les commettaient à l’abri de la nuit, alors, je le crois, un homme à la pensée astucieuse et sage inventa la crainte des dieux pour les mortels, afin que les méchants ne cessent de craindre d’avoir compte à rendre de ce qu’ils auraient fait, dit, ou encore pensé, même dans le secret. »

 

EXEMPLES de SOPHISME

 

 

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 - Non sequitur - ne ... pas suivre

Ce sophisme implique que les prémisses n’ont pas de pertinence avec la conclusion. Ils n’ont pas de suite logique d’où le nom «non sequitur».

Exemple : Justifier la consultation d’un homéopathe ou autre thérapeute alternatif par le fait que la médecine conventionnelle n’a pu guérir tel maux. Pour démontrer l’efficacité d’une méthode, il faut des preuves de leur efficacité et non des preuves de la non efficacité d’autres méthodes.

 

Argumentum ad hominem 

Consiste à attaquer l’adversaire au lieu d’attaquer ses arguments.

C’est une erreur d’argumentation puisque la valadité d’une argumentation n’a aucune relation avec la personnalité ou autres

.caractéristiques de l’interlocuteur. L’appel au mépris ou au ridicule en sont des variantes

Exemple : Comment Voltaire peut-il prétendre parler de l’égalité des Hommes alors qu’il est investi dans le commerce des esclaves.

Sous catégorie « Tu quoque - Toi aussi

Quand on conclut que les revendications d’une personne sont fausses parce qu’elles sont inconsistantes avec ce qu’elle dit ou fait.

La validité d’un argument ne dépend pas de la consistance ou de l’inconsistance des dires ou des actions de celui qui l’avance.

Exemple : Comment pouvez-vous affirmer qu’une automobile puisse tuer puisque vous en conduisez une.

 

- Appel à la force ou la peur

Quand on utilise la force, la pression ou la menace comme moyen de persuasion.

Prisé par les hommes politique ou les publicitaires.

Exemple : La suspension de certaines libertés est nécessaire pour lutter contre le terrorisme. Nous devons augmenter diminuer les charges sociales pour les entreprises, sinon elles n’aboucheront pas.

Nous ne devons pas remettre l’ISF sinon les riches quitteront le pays;

 

- Appel à la pitié. (ou émouvoir d’une quelconque façon)

Se servir de l’émotion au lieu du raisonnement pour convaincre.

  

Appel à la flatterie

Exemple : un homme comme vous ne peut pas défendre un tel genre de position.

Sous type – Argument par les valeurs – S’appuyer sur des valeurs morales ou éthiques au lieu de construire une argumentation sur un raisonnement pour imposer son point de vu.

Très employé en publicité par exemple «  Visitez la Laponie, terre de liberté et d’harmonie.

Sous type – Appel au ridicule – Appel à la haine

Caricaturer son interlocuteur pour le ridiculiser, ou rendre odieuse la thèse de l’adversaire, en reformulant de façon péjorative, ou en la connotant de façon péjorative, sans justification apportée sur le fond.

Exemple : (A Darwin) « Alors vous dites que votre grand père est un singe… »

« Les femmes et les hommes sont égaux en droits » devient, sous forme d’argumentum ad odium : « Les hommes devraient-ils perdre leur virilité devant une femme ! »

 

-Appel au peuple ou au nombre

Quand on infère qu’un argument est valide puisque les autres, ou un grand nombre de personne pense la même chose (sous-entendu si un grand nb le pense ce ne peut être faux).

 

- Appel à l’autorité ou célébrité

La validité d’un argument repose sur la renommé ou la position d’une source en guise de référence irréfutable. Utilisé en publicité, utiliser des célébrité pour donner une image aux produits.

 

- Appel à la tradition

"On a tjs fait comme ça…."

 

- Appel à la nouveauté

Part du postulat que puisque c’est récent ou moderne, c’est mieux.

 

- Fausse dichotomie

Les prémisses de l’argumentation sont fausses en imposant un faux choix quand il peut exister d’autres options. La conclusion ne peut qu’être fausse.

Exemple : Il y a ceux qui aiment les chats et ceux qui aiment les chiens. Sous-entend que si on aime les chats, on n’aime pas les chiens. Pourtant il est possible d’aimer les deux. Voir même aucun des deux ;

 

- Fausse analogie

Comparer des éléments avec des particularité communes et d’autre par introduire une particularité qui est unique à un des éléments pour conclure que cette particularité est commune à tous les éléments.

Exemple : Le prix que vous demandez est bcp trop cher, j’en ai déjà acheté un pour la moitié de ce prix.

 

- Généralisation hâtive

Quand la conclusion est inférée à partir d’une particularité ou d’un échantillonnage partiel qui est attribué à un groupe ; L’exception devient la règle.

Sous type – manipulation statistique – Ce test est fiable à 99%, il se rèvéle positif pour vous, donc vous avez la maladie. En fait si la maladie touche une personne sur 100 000, un test fiable à 99 % donnera 1000 positifs là ou il n’y a qu’un vrai malade, et donc, un test positif laisse encore 99,9% de chance de ne pas avoir la dite maladie.    voir paradoxe de Simpson  (video)

 

- Appel à l’ignorance

Affirmer la validité de la conclusion par le fait que l’on ne peut démontrer qu’elle soit fausse.

Exemple : Il n’a pas démenti qu’il a fait…. Alors ça veut bien dire qu’il l’a fait !

 

- Raisonnement circulaire

Quand la conclusion est sous-entendus dans le prémisse.

Exemple : Qu’est-ce que le magnétisme ? C’est une force qui attire les objets. Pourquoi les objets sont-ils attirés ? Parce qu’il y a du magnétisme.

 

- Non causa pro causa

Quand un argument présente comme cause d’un fait quelque chose qui n’a aucune véritable raison pour être considérée être sa cause réelle.

Exemple : Les élèves qui pratiquent tel sport au lycée obtiennent des meilleurs résultats que ceux qui ne le pratiquent pas.

En fait, cette donnée n’est pas suffisante pour affirmer que la pratique de ce sport cause une meilleure réussite scolaire.

 

- Ambiguïté

 Quand nous employons dans un même contexte un mot ou une phrase qui possède différentes significations.

Exemple : Un homme est rationnel

                   (aucune femme n’est un homme)

                   Donc aucune femme est rationnelle.

 

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Platon : la dialectique

C'est contre les sophistes que Platon (428 av. J.-C. - env. 347 av. J.-C.) s'élève en premier lieu. Posant que la vérité doit être l'objet et le but de la rhétorique, il en vient à rapprocher art oratoire et philosophie, à travers la méthode de la dialectique : la raison et la discussion mènent peu à peu à la découverte d'importantes vérités. Platon pensait en effet que les sophistes ne s'intéressaient pas à la vérité, mais seulement à la manière de faire adhérer autrui à leurs idées. Ainsi il rejetait l'écrit et recherchait la relation verbale directe et personnelle, l’ « ad hominatio ». Le mode fondamental du discours est le dialogue entre le maître et l'élève.

Platon oppose ainsi deux rhétoriques :

- la « rhétorique sophistique », mauvaise, qui est constituée par la « logographie », qui consiste à écrire n'importe quel discours et a pour objet la vraisemblance et qui se fonde sur l'illusion ;

- la « rhétorique de droit » ou « rhétorique philosophique », qui constitue pour lui la vraie rhétorique qu'il appelle « psychagogie ».

 

Les deux dialogues de Platon concernant précisément la rhétorique sont le Gorgias et le Phèdre. Dans ce dernier dialogue, Socrate explique que la rhétorique use de deux procédés antagonistes : la « division » et le rassemblement.

Toute l'histoire de la rationalité en philosophie est traversée par le débat mis en forme par Platon entre la rhétorique, qui argumente sur des opinions probables et transitoires afin de convaincre, et la philosophie, qui argumente sur des vérités certaines. Toute l'histoire de la philosophie politique également en est le reflet : depuis Platon il y a une politique du vrai, de l'absolu, du dogme, et des politiques du possible, du relatif, du négociable (ce qui était précisément comment les sophistes définissaient la pratique rhétorique, fer de lance, pour eux, de la démocratie délibérative.

 

Dialogue donné en exemple par Platon :

Socrate : « Un sophiste, Hippocrate, ne serait-il pas un négociant ou un boutiquier qui débite les denrées dont l'âme se nourrit ? Pour moi, du moins, c'est ainsi qu'il m'apparaît. »

Hippocrate : « Mais cette nourriture de l'âme, Socrate, quelle est-elle ? »

 

Socrate : « Les diverses sciences, évidemment, repris je. Et ne nous laissons pas plus éblouir par les éloges qu'il fait de sa marchandise que par les belles paroles des commerçants, grands et petits, qui nous vendent la nourriture du corps. Ceux-ci nous apportent leurs denrées sans savoir eux-mêmes si elles sont bonnes ou mauvaises pour la santé, mais ils les font valoir toutes indifféremment, et l'acheteur n'en sait pas davantage, s'il n'est maître de gymnastique ou médecin. De même, ceux qui colportent leur savoir de ville en ville, pour le vendre en gros ou en détail, vantent aux clients tout ce qu'ils leur proposent, sans peut-être savoir toujours eux-mêmes ce qui est bon ou mauvais pour l'âme ; et le client ne s'y connaît pas mieux qu'eux, à moins d'avoir étudié la médecine de l'âme. Si donc tu es assez connaisseur en ces matières pour distinguer le bon du mauvais, tu peux sans danger acheter le savoir à Protagoras ou à tout autre ; sinon, prends garde, mon très cher, de jouer aux dés le sort de ton bien le plus précieux. Le risque est même beaucoup plus grand quand on achète de la science que des aliments. Ce qui se mange et ce qui se boit, en effet, quand on l'achète au boutiquier ou au négociant peut s'emporter dans un vase distinct, de sorte que l'achat entraîne peu de risques. Mais pour la science, ce n'est pas dans un vase qu'on l'emporte ; il faut absolument, le prix une fois payé, la recevoir dans son âme, la mettre dans son âme, et, quand on s'en va, le bien ou le mal est déjà fait. »

 

Aristote et la logique des valeurs

Aristote (384 av. J.-C. - 322 av. J.-C.) est l'élève de Platon. Il compose trois ouvrages de rhétorique majeurs, en matière de rhétorique, il est l'auteur le plus central, tant par son esprit d'analyse que par son influence sur les penseurs successifs. Pour Aristote, la rhétorique est avant tout un art utile, plus précisément elle est un « moyen d'argumenter, à l'aide de notions communes et d'éléments de preuve rationnels, afin de faire admettre des idées à un auditoire ». Elle a pour fonction de communiquer les idées, en dépit des différences de langage des disciplines. Aristote fonde ainsi la rhétorique comme science oratoire autonome de la philosophie.

Par ailleurs, Aristote va développer le système rhétorique, rassemblant l'ensemble des techniques oratoires. En distinguant trois types d'auditeurs, il distingue ainsi, dans la Rhétorique, trois « genres rhétoriques », chacun trouvant à s'adapter à l'auditeur visé et visant un certain type d'effet social :

-        le délibératif qui s'adresse au politique et son objectif est de pousser à la décision et à l'action et qui a pour fin le « bien » ;

-        le judiciaire qui s'adresse au juge et vise l'accusation ou la défense et qui a pour fin le « juste » ;

-        le démonstratif ou « épidictique » qui fait l'éloge ou le blâme d'une personne et qui a pour fin le « beau » (en termes actuels : la « valeur »).

À chaque discours s'accordent une série de techniques et un temps particulier : le passé pour le discours judiciaire (puisque c'est sur des faits accomplis que portent l'accusation ou la défense), le futur pour le délibératif (l'orateur envisage les enjeux et conséquences futures de la décision objet du débat), enfin le présent essentiellement mais aussi passé et futur pour le démonstratif (il est question des actes passés, présents et des souhaits futurs d'une personne). Le mode de raisonnement varie aussi. Le judiciaire a le syllogisme rhétorique (ou enthymème) comme instrument principal, le délibératif privilégie l'exemple et l'épidictique met en avant l'amplification.

Chaque ouvrage d'Aristote permettra ainsi de rendre une méthodologie rationnelle de l'art oratoire. Pour Jean-Jacques Robrieux, « Ainsi est tracée, avec Aristote, la voie d'une rhétorique fondée sur la logique des valeurs ». Par ailleurs, Aristote a surtout permis la « tripartition « êthos, pathos, logos ».

Dans le commerce le syllogisme est de mise, entre autres forme de manipulation, sous une apparente logique la déduction implicite est fausse.

En logique, le syllogisme est un raisonnement logique mettant en relation au moins trois propositions : deux ou plus d'entre elles, appelées « prémisses », conduisent à une « conclusion ». Aristote a été le premier à le formaliser dans son Organon.

Des propositions données sont supposées vraies, le syllogisme permettant d'établir la validité formelle de la conclusion, qui est nécessairement vraie si les prémisses sont vraies.

Tout ce qui est rare est cher, (exemple : un cheval rare est cher, c’est le cheval qui est rare) Un cheval bon marché est rare, (équivoque sur le mot « rare », c’est le fait d’être bon marché qui est rare, ce n’est plus le cheval) Donc un cheval bon marché est cher (figure de sens, syllogisme).

A l’époque moderne et contemporaine, la rhétorique est toujours un procédé inhérent à la communication, que ce soit dans le commerce (dans ce cadre on s’en doute) de même qu’en politique, mais aussi dans les médias (4ième pouvoir), la neutralité n’existe pas.

Les informations sont toujours présentées sous l’angle de l’idéologie dominante et des orientations politiques qui, indirectement, distillent des jugements de valeur. Il est politiquement incorrect, par exemple, de critiquer l’économie le libéralisme. Même dans un pays dit « démocratique » qui se prévaut de la liberté d’expression, certaines idées ou opinions sont plus ou moins implicitement prohibées, tabous. Et si vous dérogez à ces tabous, vous serez frappé d’anathème.  Un anathème est une réprobation. Cette réprobation peut concerner une mise à l'index, une personne ou une idée. Ce mot est notamment utilisé en rhétorique dans des expressions telles que « lancer un anathème » et « frapper d'anathème ». Typiquement le mot « complotiste » jette l’anathème sur une personne qui se permet de douter de l’intégrité de nos dirigeants, alors mêmes que l’on sait tous que la corruption est partout et depuis toujours, en particulier dans les sphères de pouvoir !

Tout est politique et tout est influence. Quand Obama reçoit le prix Nobel de la paix alors que lors de son mandat il a mené des guerres contre 75 pays…. Que retient-on ? Qu’il a mené la guerre ou qu’il est prix Nobel de la paix ? Nous sommes dans le sophisme, nous préférons le discours éloquent, l’image, le récit, le narratif, l’auréole, à la vérité… Et nous préférons ce qui nous arrange. Celui qui craint le virus et considère qu’un vaccin est forcément bon pour la santé n’entendra qu’un son de cloche. Et celui qui pense que tous les vaccins ne sont pas fiables ou se méfie des intérêts en jeu, ne verra que la duperie.

Ne dit-on pas que chacun voit midi à sa porte ou que chacun prêche pour sa paroisse, à titre individuel mais aussi à un niveau plus large tout est relatif et sujet à caution.  Quand tous les médias se focalise sur l’agression d’une femme de chambre par le candidat JFK et omet par la suite de mentionner qu’il y a eu un non-lieux…. Alors qu’aujourd’hui lorsque sont évoquées les affaires de harcèlement ou de viol des ministres nommés présentement, la presse met bien en avant la présomption d’innocence.

L’information n’est jamais 100 % objective mais toujours biaisée par les idéologies, la culture, les intérêts du moment. Le formatage culturel est opérant, plus un sujet est médiatisé, plus il est viral et plus il influence.

Aucun média est totalement fiable et chaque média a un publique cible, il est orienté pour plaire à ce publique, il est donc intéressant de varier ses sources sauf que, chacun cherche à se conforter dans ses propres opinions, rares sont ceux qui sont réellement ouverts aux débats. Il est bien plus couteux de changer d’avis ou revoir ses convictions, notre propre formatage. En réalité nous sommes formatés à différents niveaux. Notre vécus, notre éducation, notre culture, mais aussi un formatage permanent des médias et des idées véhiculées à dessein pour influencer l’opinion publique et induire, en fait, fabriquer notre consentement.  

 

Même la science est biaisée dans bon nombre de domaines, on démontre ce qui arrange les industries puisque ce sont les industries qui financent les études et elles ont pour but d’être rentabilisées ! Le jeun thérapeutique a été longtemps expérimenté dans les pays de l’est, avec des résultats bluffant tant sur les maladies mentales que physiques. Mais avec la montée en puissance de l’industrie pharmaceutique, cette méthode étant nettement moins rentable, elle est passée sous silence. La propagande est à tous les niveaux, dont en termes de santé, et véhicule des idées comme des vérités qui restent bien ancrées dans les esprits. Par exemple, le petit déjeuner est devenu un repas santé indispensable (pour vendre des céréales, une campagne a été mené à cet effet aux Etats Unis et nous a contaminé) pourtant des études indépendantes tendent à démontrer que rester à jeun jusqu’à midi est bon pour la santé et n’est pas préjudiciable au niveau d’énergie. De même que l’idée qu’il faut manger quand on est malade pour reprendre des forces. Le jeun entraine l’autophagie qui va déclencher un phénomène qui se manifeste par le renouvellement progressif et programmé des éléments constitutifs de la cellule. Ce phénomène est propice au rétablissement. Les idées reçues persistent et dans tous les domaines et elles sont souvent véhiculées à desseins. Il y a des intérêts derrière. Imaginer que le discours officiel est toujours motivé par de bonnes intentions est totalement naïf. Et même, la vérité n’est pas bonne à dire pour les dirigeants, elle entraînerait des conséquences fâcheuses.

 

C'est un procédé de rhétorique de l'ordre du sophisme de discréditer avec une étiquette spécifique qui jette le discrédit sociale. Par exemple l'étiquette "complotiste". Elle est instrumentalisée à dessein. Puisque l'humain cherche en priorité avec rester intégré au groupe, il tend au conformisme, si la groupe dominant décrète que telle étiquette est discriminatoire, il se plie, et participe à discriminer. Dans le développement à l'échelle de du règne humain, le rejet du groupe, équivaut à la mort dans les temps ancien, c'est gravé dans notre génome adaptatif. Le discrédit sociale, c'est une mort sociale à défaut d'être une mort physique. Sauf si les dissidents sont nombreux. Ils formes alors un groupe solidaire. Douter n'est pas un crime, douter est sain (sans tomber dans la paranoïa), ne l'oublions pas, favorisez le débat d'idée plutôt que fermer le débat avec une étiquette disqualifiante. 

 

En temps de guerre par exemple, de tous temps, la « propagande » est de mise, pour faire adhérer les populations aux choix politiques (qui sont pourtant toujours discutable) on nous a toujours venté l’Europe pour nous protéger de la guerre dans la zone euro. Nous n’avons pas accueilli à bras ouvert les Syriens victimes de gaz mortel par leur dirigeant Bachar el-Assad, désormais il faut accueillir les réfugiés Ukrainiens et les positions européennes ne sont pas propices aux négociations.

 

Le commerce se base sur la rhétorique pour « convaincre » d’acheter.  Le marketing en est en partie un dérivé. Et lorsque vous combinez tous ces principes rhétorique / marketing avec ceux de la psychologie sociale (expérience sur le comportement humain individuel et collectif) vous avez là matière à manipuler les foules. C’est le sujet d’un fameux livre, au programme des grandes écoles « Psychologie des foules » de Gustave Lebon, et puis Propaganda, d’Edouard Bernay (voir la fiche). La propagande et la persuasion est une science mise en pratique par les gouvernements depuis 1900, elle a eu le temps de progresser et devenir toujours plus efficace. On ne l’appel plus « propagande », ce mot est devenu trop péjoratif depuis que les nazis ont exploiter cette science de la manipulation de masse, on parle désormais de « Relation publique ». 

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31/05/2022
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