Dissonance cognitive
Cette situation nous met dans une posture très inconfortable psychologiquement : la dissonance cognitive en particulier. Mais pas seulement.
On peut bien être pour ou contre, dans un camps ou dans l'autre, ici n'est pas la question.
Nos principes mêmes sont en cause et surtout notre bien-être mental.
En prenant un peu de recule on est obligé de constater que des incohérences, pour le moins, sont gérées sans états d'âme et qu'on finit par se demander s'il est question de déni (chacun ou chaque groupe, aime voir midi à sa porte et s'auto-justifier) ou si ces dissonances sont carrément instrumentalisées pour nos amener à adhérer à un nouveau mode de vie.
Se poser des questions n'est pas malsain, au contraire. Cela nous aide à, essayer au moins, de comprendre, et prendre un peu de recule. L'esprit humain est si complexe que vous n'imaginez même pas tout ce qui est en jeu dans ces dilemmes permanents.
- On peut évoquer, par exemple, face aux circonstance, le concept de "soumission à l'autorité"( Milgram avait conclu que, quand les personnes connaissent les processus psychiques qui les animent, ils ne sont plus soumis aveuglement à l'autorité, si on prend un échantillon initié, il ne se laissent pas prendre au "jeu", on devrait apprendre ça à l'école !).
Il y a aussi le principe du "Pied dans la porte" à prendre en considération, qui est une technique de manipulation décrite par les psychologues sociaux. Cette dernière consiste à procéder par étapes pour amener ce qui est initialement prévu. Dès que la brèche est ouverte, en principe l'adhésion pour le reste suivra.
Autre phénomène étudié "la déréalisation" (DR est parfois employé) est un état de conscience ou une altération de la perception ou de l'expérience de la réalité qui apparaît comme dissocié ou extérieur à soi. Lors qu'on s'adapte malgré soi.... on peut rester ou entrer dans le rang, céder aux dictats et doxas, injonctions incitatives ou directives, sans pour autant adhérer, c'est très couteux psychiquement.
Les relations publiques s'appuient entre autre, sur ces données de la psychologie expérimentale (études scientifiques) mais aussi sur les ajustements de personnages tels que Edouard Bernays (Propaganda) et GustaveLebon (psychologie des foules) des ouvrages au programme des grandes écoles !
L'effet du choc étudié par Noémie Klein, psychosociologue américaine qui induit la déréalisation, je vous renvoie à l’article consacré
"Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés."
- Gaston Bachelard - 1884-1962 - La Formation de l'esprit scientifique, 1938
Nous avons l'impression que ce que nous savons et ce dont nous sommes convaincus a du sens, mais nous ne sommes pas conscients de tous les BIAIS COGNITIFS qui entravent l'objectivité même de notre opinion.
Par conséquent être sûr de son choix en ce moment, est par définition mauvais signe ! Il y a bien des raisons d'être au moins un peu déboussolé !
La question n'est même pas d'être pour ou contre mais capable de se poser des questions au moins !
Les biais cognitifs
Un biais cognitif est une distorsion dans le traitement cognitif d'une information.
Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité.
Les biais cognitifs conduisent le sujet à accorder des importances différentes à des faits de même nature et peuvent être repérés lorsque des paradoxes ou des erreurs apparaissent dans un raisonnement ou un jugement.
L'étude des biais cognitifs fait l'objet de nombreux travaux en psychologie cognitive, en psychologie sociale et plus généralement dans les sciences cognitives. ( wikipédia)
Il existe de nombreux biais possibles étudiés en psychologie sociale, exemple le Désir de consensus (Tendance des individus à aller dans le sens des décisions prises par le groupe. "Si autant de monde va le voir, c'est que ce doit être un bon film."
Ou encore le biais social, ou le biais culturel, analyser, interpréter et juger les choses à travers le filtre de ses propres références sociales ou culturelles.
Celui qui est sur de détenir la vérité, n'est pas conscient des biais d'attribution causale ou d'intentions, Erreur fondamentale d'attribution : Sous-évaluer les causes externes (situations, évènements extérieurs) au profit des causes personnelles (dispositions personnelles, traits de personnalité, mérites), des effets de faux consensus :Tendance à surestimer le nombre de personnes qui partagent nos opinions ou agissent comme nous.
Je vais me focaliser sur :
La dissonance cognitive
La formule "Avoir un choix cornélien" est entrée dans le langage courant. Ce dilemme est appelé « cornélien » en référence à Pierre Corneille, qui expose des personnages torturés par un dilemme dans plusieurs de ses pièces, notamment Le Cid et Polyeucte.
Il ne s'agit pas d'une alternative, non négative en soi et qui permet un choix entre deux options qui intéressent celui qui agit, mais d'un dilemme qui, quelle que soit l'option choisie, aura, du fait même du choix réalisé, des conséquences négatives.
Les effets psychologique de ce dilemme ont été étudiés et le concept théorique de "dissonance cognitive" date de 1957. Il nous vient du psychosociologue américain Leon Festinger (1919-1989) et vise à expliquer comment l'être humain gère les tensions provoquées par des éléments incompatibles.
"Plus un apprentissage a été difficile, malaisé, douloureux ou même humiliant, moins l'individu est prêt à remettre en cause la valeur de ce qui lui a été enseigné. Cela signifierait en effet qu'il a investi et souffert pour rien."
Gregory Bateson, anthropologue, psychologue, épistémologue américain (1904-1980)
- L'effet placebo serait une conséquence d'un état de dissonance cognitive dans lequel entrerait un patient qui s'investit dans un traitement coûteux ou douloureux et dont il ne ressent pas d'effet bénéfique. Refusant que son investissement personnel soit totalement inutile, le patient recherchera en lui des signes de l'amélioration de sa santé, afin de réduire la dissonance. Il peut même guérir s'il y a une composante psychologique importante dans sa maladie.
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Les partisans d'un homme politique dont on dénonce des pratiques malhonnêtes ne les croient pas et remettent en cause la bonne foi et l'honnêteté de ceux qui les révèlent. Parfois, ils se censurent mentalement et font comme si les révélations n'avaient jamais existé.
- Dans la fable de Jean de la Fontaine, "Le renard et les raisins", le renard, ne pouvant atteindre les raisins pour satisfaire sa faim, réinterprète la réalité en concluant que, finalement, les raisins ne lui conviennent pas car ils ne sont pas mûrs.


Difficile de rester neutre puisqu'on nous pousse à faire un choix, plus on a à perdre, plus le choix possible s'impose ! C'est aussi simple que ça, alors ne jugez pas hâtivement.

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- wikipedia.org : Biais cognitif
- Codex des biais cognitifs, 2016
- blog.wikimemoires.com : Les biais cognitifs - Les principaux biais comportementaux
- capital.fr : Déjouez les pièges que vous tend votre cerveau
- eclectic.eklablog.com : Lecture, Petite Philosophie de nos erreurs quotidiennes
- podcastscience.fm : Dossier: les biais cognitifs
- books.google.fr : Arrêtez de vous tromper ! 52 erreurs de jugement qu'il vaut mieux laisser aux autres...
- en.wikipedia.org : List of cognitive biases
- ericlafon.eu : Ces biais qui nous gouvernent
- Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens (Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, Presses Universitaires de Grenoble, 2002)
- Petit cours d'autodéfense intellectuelle (Normand Baillargeon, Ed. Lux, Montréal, 2006)
- Coïncidences, nos représentations du hasard (Gérald Bronner, Vuibert, 2007)
- L'empire de l'erreur : Eléments de sociologie cognitive (Gérald Bronner, PUF, 2007)
- Petite philosophie de nos erreurs quotidiennes (Luc de Brabandere et Anne Mikolajczak, Eyrolles, 2011)
- Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée (Daniel Kahneman, Flammarion, 2012)
- Arrêtez de vous tromper ! 52 erreurs de jugement qu'il vaut mieux laisser aux autres (Rolf Dobelli, Eyrolles, 2012)
- L'auto-manipulation : Comment ne plus faire soi-même son propre malheur (Christophe Carré, Eyrolles, 2012)
- Pourquoi vous vous trompez tout le temps (et comment arrêter) (Rolf Dobelli, Eyrolles, 2013)
- Biais/Dissonance_cognitive
- Le biais comportementaliste (Ouvrage collectif, Les Presses de Sciences Po, 2018)
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