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Pourquoi certains se défoulent sur les autres - Les soupapes du stress

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Voici comment est venue l’idée de cet article.

 

On parle beaucoup de “gérer son stress”, mais rarement de la façon dont on s’y prend vraiment. Certains mangent, d’autres courent, d’autres créent, certains encore… se défoulent sur les autres. Le problème, c’est que toutes les soupapes ne se valent pas. Certaines apaisent et nourrissent, d’autres soulagent sur l’instant mais détruisent à petit feu.

 

Cet article est né d’une conversation toute simple, à propos d’une mère épuisée par son travail, qui rentrait chez elle chercher le repos…  mais rencontrait des altercations avec son fils, jeune adulte étudiant.

Elle vivait d’autant plus mal ces affrontements qu’elle est très stressée au travail et qu’elle porte aussi, sur ses épaules, un climat social difficile.
Rentrer à la maison, c’est pour elle comme se réfugier dans sa grotte, le repos du guerrier.

Réguler le stress est un réflexe naturel, vital.
Comme elle n’est pas sportive, elle s’apaise par l’hyperphagie, qui apporte une douceur immédiate.

Il faut savoir que le cortisol stimule l’appétit, en particulier pour le sucré et le gras, parce que cela apaise le système nerveux.

 

 

Les autres soupapes possibles

 

  • Le sport libère les tensions, brûle l’excédent de cortisol et d’adrénaline. Il déclenche une pluie d’endorphines (le fameux runner’s high), redonne une sensation de maîtrise du corps → donc un apaisement mental.
  • Les interactions sociales chaleureuses (complicité, humour) procurent une sécurité affective. Elles stimulent sérotonine et ocytocine et font baisser le cortisol : un anxiolytique naturel.
  • La création est un dérivatif qui nourrit l’esprit. Le flow (absorption totale) stimule la dopamine.

En état de flow, plusieurs leviers s’activent :

  • Dopamine → motivation, plaisir, attention. Quand tu es absorbé, ton cerveau a sa récompense "naturelle".
  • Cortisol → il chute, car ton attention est détournée des sources de stress. Le cerveau ne perçoit plus de menace immédiate → l’alarme s’éteint.
  • Parasympathique (repos/régénération) reprend le dessus sur le sympathique (stress/action).

Donc le flow n’agit pas seulement comme un dérivatif psychologique, il a un effet neurobiologique réel : dopamine et endorphines montent → cortisol descend.
La création est un anxiolytique naturel, avec un bonus : au lieu d’anesthésier, elle enrichit.


La subtilité du flow

 

En général, passer en mode parasympathique implique de se sentir calme. Pourtant en phase créative, on se sent très actif, “au taquet”, et on ne ressent plus la fatigue.

C’est le paradoxe du flow :

  • Sympathique (action, énergie) activé → concentration, adrénaline, sensation d’infatigabilité.
  • Parasympathique activé en parallèle → expérience plaisante, pas de menace, cœur régulier, respiration fluide, cortisol maîtrisé.

Résultat : on peut être hyper-actif sans être épuisé. Le corps n’est pas en mode “fuite ou combat”, mais en absorption créative, où l’énergie circule librement.

Certains chercheurs parlent de “mode autotélique” (Csikszentmihalyi) :

  • Dopamine + noradrénaline = concentration et élan.
  • Endorphines + anandamide (un cannabinoïde naturel du cerveau) = bien-être, fatigue coupée.
  • Cortisol ↓ car le stress est perçu comme stimulant, non menaçant.

En résumé : le flow est une danse entre les deux systèmes. On reste alerte et actif, mais sans souffrance. On ressent une hyper-activité joyeuse au lieu d’un épuisement.


Quand le stress se retourne contre l’autre

 

Dans notre cas spécifique, en plus du stress extérieur à évacuer, cette personne subissait en rentrant chez elle son fils aîné, qui se défoulait sur elle comme sur un punching-ball. Résultat : cortisol amplifié.

Nous avons passé en revue diverses façons de juguler le stress : hyperphagie, lien social, sport, créativité.
Mais il en existe de bien moins saines : alcool, tabac, drogues, distractions compulsives, addictions…


Classification des soupapes de stress

 

 Soupapes régulatrices "saines"

  • Création / flow → nourrit l’esprit, diminue le cortisol, enrichit.
  • Sport / activité physique → brûle adrénaline, libère endorphines, équilibre corps-esprit. On peut aussi littéralement taper dans un punchingball objet. 
  • Lien social chaleureux (humour, complicité, tendresse) → ocytocine, sérotonine, sécurité affective.
  • Méditation / respiration → apaise le système nerveux.
  • Nature / immersion sensorielle → réduit la charge cognitive, restaure l’attention.
  • Humour / dérision / enfantillages et pitreries → rire → libère des endorphines → baisse le cortisol → active le diaphragme, améliore l’oxygénation → relaxation immédiate. Le partage de l’humour stimule l’ocytocine → lien social renforcé.
  • Ecouter de la musique, chanter, danser :
      • Musique : module directement l’activité du système limbique → baisse du cortisol, augmentation de la dopamine et de la sérotonine. Certaines musiques calmes réduisent la fréquence cardiaque et la tension artérielle.
      • Chanter : stimule le nerf vague (grâce à l’expiration prolongée et aux vibrations), donc active le parasympathique → détente, baisse du stress. Augmente aussi l’ocytocine (surtout en groupe).
      • Danser : combine mouvement + rythme → libère endorphines, dopamine, sérotonine. Améliore la coordination et l’oxygénation. En groupe, renforce le lien social (effet “tribal”).
      •  En résumé : musique, chant et danse régulent le système nerveux, boostent la chimie du bien-être (dopamine, endorphines, sérotonine, ocytocine) et rééquilibrent le corps par le rythme et la respiration.

 

 Soupapes "neutres" / ambivalentes

  • Nourriture réconfort → apaise mais peut devenir délétère si c’est la seule.
  • Distractions (séries, réseaux, jeux vidéo) → coupent le stress, mais superficielles si répétées.
  • Jeux vidéo → peuvent être sains (flow, stratégie, lien social), neutres (simple passe-temps), ou délétères (addiction, fuite du réel). 

    Psychologiquement :

    • L’humour, la dérision, l’autodérision transforment le stress en jeu. Anxiolytique naturel, renforce les liens, désamorce les tensions

    • Même une simple grimace ou une pitrerie fait basculer le cerveau en mode "c’est pas grave / on rigole".

 

 Soupapes délétères

  • Alcool → anesthésie, mais dérègle et accroît l’anxiété.
  • Tabac / drogue → shoot rapide mais dépendance et stress accru.
  • Jeux d’argent / addictions → spirale de perte.
  • Fuite compulsive (achats, travail excessif) → apaise un instant mais entretient le vide intérieur.
  • Se défouler sur quelqu’un (punching-ball humain).

Activités de loisir 

 

 

 Une même activité peut être soupape ou corvée selon l’intention.
Le principe de l’élan vital : tant que ça jaillit naturellement (envie, curiosité, générosité), c’est ressourçant. Si c’est imposé, c’est étouffant.

Ainsi cuisiner parfois, tant que c'est une envie subite, ou pour faire plaisir à quelqu'un, c'est un plaisir, donc une détente, DEVOIR faire à manger tous les jours, là, ce n'est plus de la détente, c'est une corvée.

Idem pour le jardinage, la couture, tricoter…

 

Evidemment inutile de choisir une seule activité soupape !

En ce qui me concerne, lire et écrire sont mes poumons : je ne m’en lasse jamais, je respire à travers eux.
Peindre, bricoler, jardiner cuisiner ou coudre sont mes saisons : ils reviennent par vagues, quand l’élan m’appelle.

Je marche souvent, par période je nage ou je pédale. 
Les rencontres, les jeux, l'humour, les repas partagés sont mes ancres : l’amitié et la complicité m’apaisent autant qu’elles me nourrissent.
Varier les occupations entretient le désir : c’est ainsi que mes soupapes restent vivantes, comme un orchestre où chaque instrument attend son tour pour jouer. 


Le sexe est une soupape possible — mais avec beaucoup d’ambivalences.

 Quand le sexe est choisi, consenti, partagé dans la complicité :

  • Ça peut être une vraie régulation du stress (oxytocine, endorphines, baisse du cortisol, proximité affective).
  • Dans ce cas, ça joue dans la même ligue que le sport ou le lien social chaleureux.

 

 Mais quand il est utilisé comme exutoire unilatéral (se défouler, sans respect de l’autre qui devient objet au lieu d’être sujet) :

  • Ça devient du punching-ball sexuel.
  • Court terme : décharge d’adrénaline et d’ocytocine pour celui qui "se vide".
  • Long terme : pour le partenaire, c’est vécu comme une prise, voire une agression → érosion du lien, culpabilité, rejet.

En gros : le sexe peut être soit un baume, soit une arme.
Tout dépend de l’intention et de la réciprocité.

 

Tableau récap : 

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Le stress est inévitable. Ce qui fait la différence, ce n’est pas sa présence mais la façon dont nous choisissons de le transformer. On peut le refiler, comme une bouteille de poison qu’on passe de main en main, jusqu’à ce qu’elle finisse entre les mains des plus vulnérables. Ou bien on peut le canaliser, le sublimer, en faire du mouvement, du rire, de la création, du lien.
En clair : notre liberté ne réside pas dans le fait d’échapper au stress, mais dans le choix de notre soupape.

 

Alors, la prochaine fois que la pression monte… quelle valve ouvrirez-vous ?

 

 

BONUS

 

 

Pourquoi le défoulement sur autrui est toxique

Même verbalement :

  • Court terme → petite décharge, illusion de mieux.
  • Long terme → cortisol ↑ pour les deux, culpabilité, lien abîmé, réflexe renforcé.

Continuum (à stopper dès le palier 2)

  1. Ton sec / soupirs / regards en biais
  2. Sarcasmes / piques
  3. Cris / humiliations
  4. Menaces / violence → rupture immédiate + protection.

Que faire ?

  • L’agresseur : décharge physique, reset respiratoire, check-in, phrase d’entrée.
  • La victime : limite claire + sortie (“Je ne suis pas ton punching-ball”).
  • Le foyer : pacte maison-refuge (règle d’or, code mot, rituel de réparation).

Le processus de défoulement (cascade)

  1. Stress accumulé → tension au travail ou ailleurs.
  2. Défoulement vertical → supérieur → subalterne.
  3. Transmission en cascade → subalterne → plus faible.
  4. Contamination au foyer → défoulement sur le conjoint ou l’enfant.
  5. Cercle vicieux → chaque maillon devient punching-ball, jusqu’au plus vulnérable.

Conséquence : pollution émotionnelle en cascade, où le stress d’un seul finit par s’ancrer dans la psyché des plus faibles.


Bouc émissaire : de l’individuel au collectif

  1. Définition


    Reporter ses frustrations sur une cible plus faible ou accessible. Stratégie de défoulement collectif, souvent inconsciente.
  2. Théories

  • Frustration–agression (Dollard, 1939) : agression redirigée vers une cible plus faible.
  • Boucs émissaires collectifs (Girard, 1972) : rôle sacrificiel pour restaurer l’unité.
  • Domination sociale (Sidanius & Pratto, 1999) : les minorités servent de réceptacle.
  1. Exemples

  • Entreprise → un manager accuse un collaborateur.
  • Société → crise = accusation des immigrés, d’une religion.
  • Famille → un enfant désigné comme “problème”.
  1. Fonctions

  • Canaliser peur et angoisse.
  • Maintenir la cohésion du groupe.
  • Défense narcissique (projeter la faute ailleurs).

 

Choix des cibles dans la société 

 

Dans la mécanique du bouc émissaire : ceux qui sortent du rang — par leur apparence, leur comportement, leurs idées, leur sensibilité — sont plus exposés.

 

Pourquoi les “différents” deviennent des cibles ?

  1. Visibilité : la différence attire l’attention → facile à pointer du doigt.

  2. Minorité numérique : celui qui est seul ou minoritaire n’a pas le poids du groupe pour le défendre.

  3. Projection : le groupe expulse ses propres peurs et insécurités sur celui qui incarne “l’autre”.

  4. Fonction sociale : exclure le différent soude artificiellement les semblables (“nous contre lui”).

Exemples classiques :

  • À l’école : l’élève trop brillant, trop timide, trop créatif, trop “hors norme” devient la cible.

  • En entreprise : celui qui remet en question, qui ne se conforme pas à la culture dominante.

  • Dans la société : les minorités ethniques, religieuses, sexuelles, les migrants, etc.

 

C’est ce qu’explique René Girard : Le bouc émissaire est choisi non parce qu’il est coupable, mais parce qu’il est vulnérable et identifiable.

 

Le mécanisme repose sur un déséquilibre de pouvoir :

Le bourreau (ou le groupe de bourreaux) en position de force, se sent en sécurité pour attaquer → il a le nombre, le statut, ou la force.

 

La victime est perçue comme isolée ou vulnérable puisqu’en nombre inférieur ou restreint → donc il y a peu de risque de représailles.

 

Ce déséquilibre crée l’illusion d’une légitimité : “Puisqu’on peut le faire, c’est qu’on a raison.”

 

 En psychologie sociale, on appelle ça parfois l’effet témoin inversé : plus il y a de monde autour, plus les bourreaux se sentent protégés par le groupe pour agir.

Et aussi le biais de conformisme : d’autres suivent pour ne pas être eux-mêmes la prochaine cible.

 

En clair : le bourreau n’attaque pas parce qu’il est fort, mais parce que l’autre est fragilisé.

Le bourreau ne frappe jamais par bravoure, mais par opportunité : il attaque quand l’autre ne peut pas rendre les coups.”

 

La dynamique de groupe

La mécanique dynamique de groupe qui transforme un individu en leader d’agression et les autres en suiveurs. En psychologie sociale, il y a plusieurs mécanismes qui expliquent ça :

 

Les mécanismes qui entraînent le groupe à suivre

  1. Conformisme (Asch, 1951)

  • Les individus s’alignent sur la majorité, même contre leur propre jugement.

  • La peur d’être le “différent” pousse à suivre celui qui prend l’initiative.

  1. Désindividuation (Zimbardo, 1971)

  • Dans un groupe, l’anonymat dilue la responsabilité.

  • “Ce n’est pas moi, c’est nous” → l’individu ose des comportements qu’il n’aurait jamais seuls.

  1. Théorie de l’apprentissage social (Bandura)

  • Le leader montre l’exemple (attaque verbale, moquerie…).

  • Les autres imitent parce qu’ils voient que ça fonctionne et que c’est “récompensé” (rire du groupe, reconnaissance).

  1. Effet de polarisation de groupe

  • Les positions individuelles modérées deviennent plus extrêmes quand elles sont partagées collectivement.

  • Le leader entraîne les autres vers une radicalité qu’ils n’auraient pas atteinte seuls.

  1. Dynamique du bouc émissaire (Girard)

  • Désigner une victime commune renforce l’unité des agresseurs.

  • Le leader devient “celui qui protège le groupe” en sacrifiant l’autre.

 

Un seul déclencheur suffit : le leader attaque, le groupe suit par conformisme, se protège par désindividuation, s’encourage par imitation, et se soude en excluant la victime.

 

En bref :

Le bouc émissaire, à l'échelle sociale, c’est l’innocent qu’on charge de tous les maux pour épargner la vraie cause. Une paix provisoire achetée au prix de l’injustice.

 

 

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27/09/2025
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