♥ Pour vivre pleinement l'amour
Première piège, il y a une différence fondamentale entre amour véritable et illusion amoureuse.
On peut aimer un reflet idéalisé d’une part de soi. On peut aimer l’amour, sa représentation ou cet état de béatitude des prémices amoureux et aller de printemps en printemps en évitant de vivre toutes les saisons de l’amour. Cet état euphorique, n’est-il pas d’ailleurs conditionné par la littérature, la poésie, la presse et le cinéma ?
Certains sont amoureux de l'amour, une représentation de l'amour, de l'état amoureux, mais ne sont pas véritablement capable d'aimer un être au delà de la phase euphorisante des prémisses amoureux.
On pourrait même dire que certains sont accro, tels des toxicomanes à cet état et pour cause. Sous le coup d’une rencontre plaisante, le système limbique se met à produire des endorphines, substances aux effets euphorisants, qui chavirent de bonheur les amoureux, et réduit leur appétit et leurs besoins en sommeil. Un grand cocktail chimique est à l’œuvre : ocytocine, testostérone et œstrogène s’agitent ! Pas moins de 12 régions du cerveau s’activent (impliquées dans l’émotion, la motivation, la récompense…) pour libérer ces molécules chimiques qui nous font ressentir Un plaisir intense.
Les effets euphorisants de ce cocktail chimique sont plutôt plaisants et parfois associés à un « high » de toxicomane. Cet effet spectaculaire est aussi déclenché par les phéromones, hormones sexuelles contenues dans les odeurs corporelles et captées par des récepteurs situés dans une zone du nez. Immédiatement nos narines palpitent…
Le rituel du baiser est aussi là pour ça. Cet échange d’odeurs précède tous les autres. Avant de rentrer du front, Napoléon écrivait d’ailleurs à Joséphine: « Ne te lave pas, j’arrive ! » Des recherches ont aussi montré que le fait de respirer des effluves virils régularisait le cycle menstruel de la femme. C’est aussi ce qui explique qu’il est difficile de faire l’amour avec un partenaire « qu’on ne peut pas sentir » : des phéromones incompatibles produisent une répulsion.
L'étape de l’euphorie est celle de la séduction de la passion, de l’emballement, mais aussi de l'aveuglement, c'est le moment ou les hommes sont les plus communicatifs et les plus attentifs ou ils soignent leur image et sont intéressés par tout ce que la femme dit et n’ont d'yeux que pour elle, à cette phase on n’est pas réellement amoureux de l'autre: on est amoureux des sensations provoquées dans son corps et dans sa tête, par l'idée que l’on se fait de l'autre, on ignore encore ses petits défauts ; on ne voit et entend que ce qui nous arrange ;
C’est le moment ou le cerveau. sécrète une hormone appelée la phényléthylamine. Cette hormone aurait les mêmes effets que la cocaïne. Certains sont accro… et change de partenaire dès que la sécrétion décline ou alors, entretiennent l’état en maintenant l'anxiété et l'insécurité.
Quand on laisse baisser le taux de phényléthylamine , le cerveau le remplace par la production d'endorphines qui, elles, possèdent les mêmes propriétés que la morphine. C’est l’apaisement. Le bonheur tranquille, sauf qu’il y a une épreuve ! C’est la lutte pour le pouvoir !
Dans ce cocktail euphorisant d'endorphines, l'une d'elle joue un rôle cruciale, c'est l’ocytocine, hormone de l’attachement.
Nous en secrétons lors des câlins, mais c'est encore plus explosif lors des orgasmes.
L’ocytocine influe sur l’attachement maternel, la sociabilité, mais aussi sur l’orgasme et l’érection. Elle intervient aussi dans le plaisir de l'addiction, l’altruisme, la confiance, la fidélité conjugale, la protection des enfants, bref toutes les attitudes « favorables à la conservation de l’espèce ». SI l'attachement est fort, le couple va demeurer unis au delà de la période euphorisante.
Car au bout d’un certain temps, le cerveau s’habitue aux décharges répétées d’endorphines. C’est ainsi que les amours les plus fous deviennent plus sages. On dit que ça durerait 3 ans. Ensuite l’état amoureux évolue, car même s’il n’y a plus de dépendance de l’un à l’autre, il reste l’ocytocine qui assure un état de plaisir et de bien-être. Par contre, s’il y a rupture dans la période la plus forte de dépendance, il y a un sevrage brutal qui peut causer une douleur physique véritable, un peu comme le sevrage d’un toxicomane. Voir cet article complémentaire : la-chimie-de-l-amour
Quand on redescend sur terre, progressivement ou d'un coup, alors on se rend compte qu’on a à faire à un crapaud, et pour l’homme, que la princesse sort ses griffes et ses crocs. On prend contact avec la personne réelle. La séduction pousse à se montrer sous le meilleur angle ; la sécurité de l’amour partagé, la certitude que l'autre vous aime permet de se laisser aller et de se montrer tel que l’on est. On ne fait plus semblant, on commence à dire et même à exiger ce que l’on attend d’une relation de couple. C'est alors que l’on s’aperçoit que l'autre ne partage pas tout à fait nos points de vue sur les loisirs, l'argent, le choix de l’habitat, la répartition des tâches ménagères, l'éducation des enfants, les ami(e)s, la fréquence des rapports sexuels, le type et l'endroit des vacances, le choix des films..., la façon d'aimer et de s'investir dans le couple.
Cette lutte pour le pouvoir est inévitable et même nécessaire. C'est cette lutte qui nous permet de savoir à qui nous avons affaire et qui nous permet d'affirmer nos besoins et nos attentes face au couple. Cette lutte amène les deux partenaires à se situer l'un par rapport à l'autre. Malheureusement la majorité des couples s'enlise dans cette lutte et s'engage dans des impasses :
Ces frictions sont dues aux différences hommes / femmes, et aussi entre cet homme particulier et cette femme particulière ; mais elles sont aussi dues à nos attentes frustrées face à la vie de couple.
À ce stade, se joue l'avenir du couple. Plus de la moitié des couples se sépareront et beaucoup répéteront la même dynamique avec un nouveau partenaire. Trente pour-cent 30% des couples se résigneront, développeront une relation de couple déséquilibrée, se feront une guerre entrecoupée de périodes d'accalmies (sursaut de production de phényléthylamine) et chercheront des compensations dans le travail, la famille ou ailleurs. À peine 20% des couples réussiront à transformer cette lutte inévitable pour le pouvoir, en partage du pouvoir, troisième étape de la vie de couple pour déboucher sur :
« Le partage du pouvoir » : On ne peut demander à l'homme de remplir les fonctions féminines et vice-versa. On ne peut que demander aux deux que de se compléter pour former un tout. L'un et l'autre ne cherchent plus à transformer l'autre pour répondre à ses attentes propres ; l'un et l'autre n'accusent plus l'autre d'être le responsable de la frustration de ses illusions adolescentes face au couple. Les deux prennent conscience qu'ils sont amants et ennemis intimes (il y aura toujours des différends, même dans les couples les plus heureux), mais les deux mettent dorénavant l'accent sur l'intimité et l'apport personnel, de chacun dans ce couple unique. Les deux exploitent les qualités de l'autre au profit du couple pour déboucher sur l’engagement. L'un des principaux indices démontrant que le couple a partagé le pouvoir, et qu'il est prêt à entrer dans la quatrième phase de son évolution, est qu'il lui est redevenu maintenant plus facile de dire « Je t'aime ». Durant la lutte pour le pouvoir, « Je t'aime » était souvent étouffé par « Je te déteste ». Durant cette phase, dire « Je t'aime » équivalait à donner plus de pouvoir à l'autre sur soi. Le « Je t'aime » de la troisième phase n'a plus du tout la même signification que le « Je te mangerais » de la phase fusionnelle.
Il signifie plutôt « Je m'engage. »
« Je connais maintenant tes défauts et tes qualités, tes forces et tes faiblesses,
et je les accepte, même si des fois... » Les deux amants sont devenus de réels complices.
Ouvrir son coeur
Il est facile, au restaurant par exemple, de différencier les vieux couples qui s'aiment de ceux qui se sont fait la guerre et qui ne parviennent plus à communiquer. Les couples heureux se touchent, se regardent, se parlent ; leurs yeux sont pétillants ; ils sont animés. Ils respirent l'harmonie et la paix et deviennent, pour nous, des exemples que la vie à deux est possible. C'est ce que j'appelle l'ouverture sur autrui, la dernière étape de l'évolution du couple.
Certains amours sont proches de l'auto hypnose. Il arrive qu'une personne soit raide dingue d'une personne qu'elle ne connait même pas. Un état artificiel est propice à la fuite de la réalité. La personne prétendument aimée n’est alors qu’un prétexte à fantasme.
En fait, trouver l’amour, c’est le retrouver.
Le retrouver dans notre histoire et en nous.
« Nous avons la nostalgie de la continuité perdue ». G. bataille.
L’amour perdu, celui auquel il faut renoncer, cette emprunte familière de notre premier amour. Celui de la mère. S’il est plus difficile de couper le cordon pour les garçons, c’est que pour lui, le premier amour c’est la mère, comme pour la fille, mais la complémentarité des sexes fait, qu’elle va ensuite investir son père et donc change d’objet d’amour tandis que le garçon conserve le même.
Celui qui aura vécu, par exemple, un amour torturé avec une mère ambivalente ou qui qui vit mal l’intimité, pourra être de ce fait, attiré par les femmes du même type.
La répétition peut prendre une orientation malsaine et auto destructive. Mais nous pouvons aussi saisir les opportunités de la vie et de la rencontre pour nous dépasser.
La répétition est alors une impulsion novatrice en prenant une dimension créative, telle la mélodie d’une vieille chanson peut être réorchestrée avec de nouveaux instruments et des accords revisités pour lui redonner une nouvelle essence plus vivante en adéquation avec le présent. L’amour s’en trouvera alors doté d’une puissance restauratrice, donnant lieu à une métamorphose et une renaissance. Les amoureux, en ce sens, accouchent dans la douleur, de leur amour.
L’amour est structurant et thérapeutique lorsqu’il va dans le sens de la réparation novatrice; Lâcher et renoncer au vieil amour, accepter la perte, la séparation en est le prix à payer ;
Fuir cette opportunité c’est se fuir soi-même.
Le cheminement de la découverte des plaisirs sensoriels se retrouve dans la sexualité.
Notre sexualité s'est construite dans la découverte des plaisirs, les stades de la libido. Découverte des plaisirs par la bouche, puis par le contrôle, la possession, puis la différenciation sexuelle.
Première phase (orale) avec l'envie de fusion et d'incorporation, c'est le corps qui ressent "j'ai envie de te manger, de te bouffer", puis "je te veux" (possession anale) et le besoin de contrôle, l'envie, "j'ai envie de ce que tu as et que je n'ai pas" (dont les caractéristiques de l'autre sexe) puis la jalousie (triangulation Oedipienne) "tu es à moi et à moi seul" et enfin, en dépassant tout cela, l’accès à la génitalité, à l’altérité, l’union vraie, le "je t'aime" qui implique un engagement mature et le "nous nous aimons" qui en est l'aboutissement.
A chaque étape les conflits qui sont rattachés au vécu infantile peuvent constituer obstacle. Ce n'est pas le partenaire le problème, mais la phase à dépasser qui remet en scène le cheminement libidinal originel. Changer de partenaire ne résout en rien les conflits sous-jacent.
La publicité pour Guilietta, voiture italienne, ne s’y est pas trompé. C’est pas de la complexité du sentiment amoureux dont il est question ; Regarde moi, effleures moi, touche moi, possèdes moi, exalte moi, ressens moi, protége moi, déteste moi, quittes moi, aimes moi, retiens moi.
Pour aimer il faut s’abandonner, mais chacun veut se faire désirer. L’intérêt de différer le plaisir pour en obtenir davantage, résister pour exaltation l’envie de ce qui nous échappe.
Un autre obstacle possible
La peur inconsciente de l’homme de se voir englouti dans le sexe de la femme, comme s’il retournait à l’état initial, dans le ventre de la mère, disparaitrait lorsqu’il cesse de voir la « mauvaise » mère dans la femme. La phobie de l’araignée représente bien cette peur refoulée. L’araignée symbolise la création au sens de la genèse, de l’origine. Mais elle peut être associée par association symbolique inconsciente à la face négative de la mère, la femme ou la mère possessive, envahissante, qui vous dévore, celle qui rend prisonnier de son amour au lieu de laisser s'épanouir celui qu'elle aime que ce soit son enfant ou son amant, celle qui vous prend dans ses filets, sa toile…
C’est la mère qui fait l’homme… Mais l’homme peut toujours renaître à lui-même dans les bras d’une femme.
L'épreuve de la fusion
LA FUSION
Dans les moments de fusion ou les âmes se mêlent et se confondent, même si à d’autres moments elles se repoussent et de débattent car ce n’est forcement pas dans le plaisir, mais plutôt dans la douleur si les âmes sont torturées. Chacun dévore l’autre, entraînant des moments de déstructurations, dépossession, d’intrusion, d’envahissement et ces sentiments sont difficiles à soutenir. Entre rejet et abandon, aller et retour
Mais grâce à cet expérience, un réaménagement heureux;
Les signes : « Tu es celle que j’attendais » ; « Nous sommes d’accord sur tout » ; « Toi et moi ne faisons qu’un »… Aujourd’hui, toute relation, ou presque, commence par une attraction passionnelle. C’est l’amour intense, la « symbiose », d’après les psychologues Ellyn Bader et Peter T. Pearson. Pour les amoureux, chaque éloignement est un déchirement et chaque expérience partagée l’occasion de se découvrir de nouveaux points communs : il semble évident que l’on était faits pour se rencontrer.
Les avantages : cette étape est essentielle à la formation du couple puisqu’elle crée la complicité. La conseillère conjugale Françoise Sand ajoute qu’elle est « l’un des rares moments dans l’existence où l’on peut mûrir sans douleur » : elle permet de sortir de soi, découvrir des aspects de la vie que l’on n’avait pas envisagés seul ou dont on avait peur. L’amour passion donne des ailes.
Les pièges : cet amour passion repose en grande partie sur des leurres. En effet, chacun s’imagine que si cette relation est aussi intense, c’est parce que l’autre correspond parfaitement à l’image du partenaire idéal qu’il porte en lui. Autrement dit, plutôt que de le voir dans ce qu’il est réellement et globalement, il devient le support de nos projections. L’attente à son égard est si forte que nous l’idéalisons : ses défauts sont niés au bénéfice de ses seules qualités.
Les clés : profiter absolument de cette lune de miel, car elle est aussi agréable qu’éphémère. Elle durerait entre deux et trois ans, en moyenne. Après ? Le retour à la réalité s’impose de lui-même et cette fusion si rassurante devient peu à peu étouffante, aliénante. Le besoin d’air se fait sentir.
Passer du JE au NOUS pour ne faire plus qu'un puis passer du NOUS au JE pour ne pas se perdre totalement dans l'autre.
Bien sur, en amour il y a interpénétration, il faut accepter de se perdre un peu dans l'autre, pour fusionner.
La fusion, parfois ça fait peur.
La question pourrait aussi être : peut-on rester soi et aimer ? Ou même : doit-on vouloir rester soi dans le lien amoureux ? L’identité du sujet n’est pas acquise à la naissance, elle se conquiert lentement et toujours en connaissant des limites. Tout soi-même ne tient pas à l’intérieur de son propre corps. Ce que l’on donne à l’autre et ce que l’on reçoit de lui fait partie de notre identité. Mais à notre époque, où les croyances traditionnelles sont bousculées, de nouvelles croyances apparaissent, dont celle d’une totale indépendance du sujet. C’est un mythe. S’il est important pour chacun de se constituer comme sujet, il ne faut pas pour autant le prendre comme un absolu et vivre la relation à l’autre comme une aliénation.
Pourtant, beaucoup d'entre nous craignent que le "nous sommes" fasse disparaître le "je suis". ..
On ne peut pas créer un « nous » sans connaître, au départ, une relative codépendance des partenaires. Un minimum de fusion est toujours nécessaire pour qu’un couple puisse se former, fusion qui introduit obligatoirement un doute sur la limite de soi-même. Même s’il s’agit du énième couple, chez des personnes ayant de l’expérience, une nécessité conduit tout amoureux à écouler en l’autre une part de soi, dans le même temps qu’il le colonise et qu’il possède une part de lui. Il s’agit d’une captation réciproque grâce à laquelle se constitue un « nous » psychique.
Néanmoins, passé les premiers temps de l’emballement amoureux durant lesquels on se perd d’autant plus dans son partenaire qu’on l’idéalise, on se rend peu à peu compte qu’il n’est pas exactement ce rêve que l’on avait imaginé. Survient alors ce que j’appelle une « crise heureuse », puisqu’elle permet à chacun de retrouver une conscience plus précise de ses propres désirs, tout en découvrant ceux de l’autre. Hélas, ce travail critique souhaitable, beaucoup de couples le retardent pour éviter les souffrances qu’il occasionne et pour se maintenir dans l’illusion initiale heureuse. Il faut accepter de passer par un douloureux travail de deuil pour mener à bien ce mouvement de séparation qui rend possible un cycle de vie amoureuse dans lequel alternent, au sein du couple, moments d’idéalisation et moments d’individuation.
Se perdre en l’autre c’est la condition de la jouissance sexuelle ! La fusion amoureuse est la répétition de processus archaïques, d’une jouissance première, celle qu’a connue le sujet, fœtus puis nourrisson, alors qu’il ne faisait pas clairement la distinction entre soi et l’autre, qu’il vivait dans une sorte de monde sans limites. A l’âge adulte, pouvoir s’abandonner totalement à un autre est la condition pour pouvoir retrouver, dans la sexualité, cette jouissance dans laquelle on a la sensation de se perdre dans le grand Tout ; ce que Freud a appelé le « sentiment océanique ». L’incapacité à le faire explique la pauvreté de la vie sexuelle d’un certain nombre d’individus.
Pourquoi certains ne parviennent-ils pas à vivre ces moments de fusion ?
Parce qu’à la suite de traumatismes affectifs précoces ou de carences affectives, ils ne sont pas parvenus à sortir de ce climat originaire. Normalement le petit d’homme se construit en apprenant peu à peu à faire la différence entre soi et les autres, par les disputes entre frères et sœurs, par exemple, qui délimitent le territoire de chacun. Mais certains n’ont pas pu faire ce travail et leur sécurité intérieure n’est pas suffisamment forte pour qu’ils puissent prendre le risque d’être influencés par une personne extérieure. Ils vivent alors l’amant comme un danger, comme s’il allait, dans sa totalité, s’introduire en eux. Le contexte culturel actuel, qui condamne tout rapport de possession comme un vestige malsain des temps révolus, renforce encore cette peur. Les relations sont rapidement dévaluées parce que pas suffisamment idéales, et remplacées. Cette dévaluation peut être un empêchement à se laisser aller à une relation profonde susceptible d’aboutir à un engagement.
Cette dévaluation de la relation amoureuse explique-t-elle le nombre croissant d’individus qui choisissent de vivre seuls ?
Bien sûr. Choisir des formes d’existence plus ou moins séparée est une façon de se protéger contre une excessive densité de la relation. Et parallèlement, le partenaire semble de plus en plus souvent choisi en fonction d’une précarité existentielle, d’une présomption de séparation. Comme si la société d’aujourd’hui susurrait à l’oreille de chaque individu qu’une relation durable, ça n’est plus possible, ça ne marche pas. Séparation imaginée à regret, redoutée souvent, mais vécue comme inéluctable, une sorte de destin sur le mode antique, annoncé par les oracles médiatisés, avec son caractère inexorable sur lequel ne pourrait jouer aucune volonté humaine.
Et qu’arrive-t-il aux couples qui, au contraire, ne parviennent pas à dépasser la fusion ?
Ils risquent de s’enfermer dans une codépendance aliénante. Or, quand l’un des deux ne tolère plus cette lourdeur, ou que des circonstances socio-économiques ou biologiques défavorables, comme l’avancée en âge, nécessitent une transformation de la relation, ces individus sont peu armés pour affronter un authentique travail psychique de deuil qui permettrait une réidéalisation différente de leur relation. Aussi sont-ils conduits à se chercher un nouveau couple, pour compenser, tout en attendant du nouveau partenaire ce qui a manqué au premier. Un nouveau couple référé au premier, négativement plus que positivement, dont la probabilité de survie n’est pas supérieure. En revanche, les équilibres entre fusion amoureuse et individuation sont profondément dynamiques, en construction et déconstruction sans fin.
LA DIFFÉRENTIATION
Les signes : « Tu n’es pas celui que je croyais » ; « Je ne comprends pas que tu puisses aimer cela » ; « Tu ne sais pas ce que je pense vraiment »… Avec la cohabitation, le partage du quotidien et les responsabilités à assumer, le couple descend de son nuage pour se confronter à la réalité. Alors qu’ils ne voyaient que ce qui les unissait, les partenaires découvrent peu à peu leurs différences. L’autre révèle toutes les facettes de sa personnalité. Déception ? Inéluctablement, puisqu’il s’agit de dire adieu à l’image idéalisée que chacun avait de l’autre, mais aussi de soi : la vie à deux nous fait découvrir des aspects de notre propre caractère, que nous n’avions jamais eu l’occasion de cerner et que l’autre nous aide à percevoir.
Les avantages : cette étape est fondamentale puisqu’elle permet de se retrouver soi-même, de reprendre contact avec ses propres intérêts et objectifs de vie. Sans cette étape, la fusion finit par être vécue comme un carcan dans lequel les personnalités de chacun sont niées… jusqu’à la crise. Sur une infidélité ou un départ soudain, plus d’une histoire d’amour se termine avant d’avoir dépassé cette phase.
Les pièges : il n’est pas simple de rompre avec sa vision fantasmée de l’amour et d’accepter de vivre une relation qui ne soit pas tous les jours synonyme de plaisir. Signe de notre attachement à une tradition romantique ou de l’influence d’une société qui fait de l’hédonisme une finalité : nous avons tendance à penser que la fougue des premiers temps est « la » définition de l’amour. L’autre difficulté tient au fait que cette étape du retour à la réalité n’intervient pas simultanément chez les partenaires : celui qui vit encore dans l’idéalisation peut se croire abandonné, moins aimé, tandis que l’autre ne se sentira pas reconnu dans une relation devenue étouffante.
Les clés : de l’air et de la communication. Prendre l’air, c’est savoir sortir du couple pour vivre ses loisirs, servir ses ambitions professionnelles… C’est redevenir « un », définir son territoire qui n’est pas le même que celui de son partenaire. Pour faire admettre cette prise de distance, la communication est indispensable : les partenaires doivent oser expliquer leurs envies, leurs besoins, afin d’éviter que cette différenciation soit interprétée comme une fuite ou un déclin de l’amour.
LE RAPPROCHEMENT
Les signes : « J’ai envie de construire mon avenir avec toi » ; « Si on achetait une maison ? » ; « Je suis prête à faire des efforts pour que ça marche entre nous »… L’étape précédente a permis à chacun de se redéfinir, à ses yeux et à ceux de l’autre. Cette phase consiste maintenant à mesurer la compatibilité de ses attentes respectives et à réfléchir aux moyens que chacun est prêt à fournir pour travailler à la fondation de son couple. Ce n’est plus l’amour entendu comme : « un + un = un » (la fusion), ni « un + un = deux » (la distanciation), mais « un + un = trois » : toi, moi et notre couple. Ce troisième élément « couple » va naître de l’élaboration de projets communs sans cesse réactualisés, qui, à l’avenir, donneront à la relation sa dynamique et garantiront sa durabilité. Que veut-on vraiment pour soi et pour la relation ? Qu’attendons-nous de notre vie ensemble ? L’occasion est toute trouvée de parler mariage, enfants, maison à acheter…
Les avantages : dans ce temps du rapprochement, l’amour exprime véritablement son désir d’avenir. Une certaine sérénité amoureuse devient possible. Le « contrat » durable alors établi entre les partenaires n’empêchera pas des disputes ; mais arrivé à cette étape, le sentiment amoureux sait admettre les divergences et donne l’envie de trouver des réglages pour les dépasser.
Les pièges : consolidé par le temps et les épreuves partagées, cet amour tend à virer à l’amitié.
Le risque : sombrer dans une cohabitation heureuse, mais où le désir, les élans passionnés n’auraient plus leur place, et lasser l’un ou l’autre des partenaires en mal d’un état amoureux plus pétillant.
Les clés : pour pérenniser cet amour solide, le défi consiste à sortir de temps en temps du confort qu’il offre. D’abord, en sachant remettre régulièrement en question les projets établis et en élaborant ensemble de nouveaux objectifs. Ensuite, en bousculant parfois la tranquillité de son amour pour y intégrer de la passion : réactualiser ces coups de folie qui sublimaient les premiers mois de la relation et oser la fusion, s’abandonner corps et esprit à son amour… même le temps d’un week-end. C’est dans ce subtil mélange entre raison (construction de projets) et passion que le couple se donnera les chances d’inventer un amour aussi délicieux que durable.
Avec la collaboration de Françoise Sand, conseillère conjugale et auteure du Couple au risque de la durée (Desclée de Brouwer, 2006).
Source : psychologies.com
Il y a aussi beaucoup de crises à dépasser, exemples :
- La cohabitation
Confrontation des goûts en matière de décoration ou de cuisine, questions d’argent soulevées par les loyers et factures à payer, incompatibilité des habitudes ou des rythmes de chacun : la cohabitation donne à l’amour de nombreuses occasions de vivre sa première crise.
Le défi : communiquer. A ce jeune âge de la relation, les partenaires préfèrent souvent taire leurs insatisfactions, par peur de vexer ou de décevoir. Au contraire, c’est en exprimant leurs frustrations et en écoutant celles de l’autre qu’ils trouveront les réglages à faire pour améliorer les conditions de la cohabitation.
- Les enfants
Avec l’arrivée d’un enfant, puis deux, puis… l’amour perd son objet exclusif, le partenaire. La crise menace quand l’amour conjugal se voit dénigré au seul profit de l’amour filial.
Le défi : démultiplier son amour et son attention à son partenaire pour ne pas laisser son couple à court d’affection.
- La retraite
Plus d’enfants à la maison, plus de travail qui règle l’emploi du temps, les partenaires se retrouvent en tête à tête. Dans ces « retrouvailles obligées », la difficulté sera de réapprendre à un amour bien installé à régler son pas sur celui du quotidien bouleversé.
Le défi : il s’agit, pour chacun, de faire son bilan de vie, de mettre au clair ses attentes à l’égard de son nouvel emploi du temps, puis de les confronter à celles de l’autre. Comment les faire coexister ? Quels sont les objectifs partagés ? A l’issue de ce bilan, de nouveaux projets de couple ne manqueront pas d’apparaître.
Les manques d'amour de notre enfance
Le pouvoir de l'amour
Le lecteur trouvera en outre une description détaillée de cent treize plantes aphrodisiaques et de leurs différents usages. Chimie, botanique, religion, sexualité, Rätsch touche à tout pour constater combien nous nous sommes éloignés de nos corps. C’est donc tout à fait logiquement qu’il nous offre pour finir un succulent cahier de recettes aphrodisiaques et de conseils d’usage.
Depuis des temps immémoriaux et chez tous les peuples du monde, des plantes sont utilisées comme aphrodisiaques pour augmenter le plaisir et les joies de l’amour physique. -Les Plantes de l’amour raconte l’histoire et les modalités de cet usage. Cent treize plantes aphrodisiaques, les plus connues et les plus actives, sont ici répertoriées : agave et absinthe, ylang-ylang et yohimbehe, éternelle cannelle, subtile mandragore ou champignons magiques, tous les usages et les effets spécifiques y sont.
- Un cahier de plus de cinquante recettes d’infusions, de vins, d’eaux de vie, de teintures, de bains, d’huiles et de pommades, d’encens et de pilules aphrodisiaques orientales vient compléter ce magnifique ouvrage copieusement illustré, qui établit le lien entre les dernières connaissances scientifiques, le savoir traditionnel – avec notamment de nombreuses références à la mythologie – et l’environnement culturel, afin de permettre à chacun le plaisir de découvrir de nouvelles sensations.
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